LNDT: @59. Pourquoi opposerait-on liberté et amour ?

Amour et liberté, est-ce paradoxal ? Peut-on aimer sans pour autant renoncer à sa liberté ?

Il y a une chanson qui comporte un élément paradoxal et qui nous invite à une réflexion philosophique, une chanson philosophique dans son titre même : Ma liberté. Cette chanson de Georges Moustaki, interprétée par Serge Reggiani, en 1967, nous raconte, lorsqu’il la chante, pourquoi il était attaché à sa liberté, pourquoi il la gardait jalousement, pourquoi il a tout quitté pour la préserver et comment, un jour, il l’a sacrifiée. Tout le paradoxe de la chanson, sa profondeur philosophique est de dire qu’il renonça librement à sa liberté pour entrer dans la servitude volontaire de l’amour : sa liberté pour “une belle geôlière”.

“Ma liberté, pourtant je t’ai quittée une nuit de décembre pour une belle geôlière” (Serge Reggiani)

“Une belle geôlière” d’amour à laquelle, donc, il sacrifia sa liberté. C’est un modèle en quelque sorte de paradoxe de la relation entre la liberté et l’amour qui traverse aujourd’hui toutes nos sociétés. La revendication de cette chanson, c’est en effet, le consentement amoureux à vivre avec l’autre, le consentement à partager, concilier, discuter, voire à se soumettre à la volonté d’autrui par l’amour. L’amour est-il un contrat ? Puis-je donner ma liberté et la reprendre ? Puis-je soumettre les relations amoureuses à quelque chose comme un consentement ? Les relations de pouvoir au sein de l’amour nous amènent-elles à le contredire ? Certains le pensent, au nom de cette demande de consentement. L’amour est-il envahi par cette revendication de liberté ? Et derrière la beauté de cette prison volontaire, amoureuse, grand thème romantique et littéraire, n’y a-t-il pas cette contamination de l’amour par la liberté ? (…) Un podcast de Radio France de 3′